Il flotte comme un petit goût d’effort en danseuse dans le monde du cycle. En 2024, la courbe des ventes pique du nez, avec un recul de 12 %, et le chiffre d’affaires freine à -8 %. Même le vélo à assistance électrique, jusque-là chouchou des mobilités douces, cale avec un -16 % sec. Un vrai coup de fringale !
Côté production, c’est l’essoufflement : 495 000 vélos assemblés en France, soit une chute de 18 %… Presque la moitié de moins qu’en 2022.
Et pourtant, le besoin est là, criant, roulant. Car pendant que le neuf ralentit, l’occasion et la réparation font la course en tête. Preuve que le vélo reste dans le cœur des Français, même si le porte-monnaie crie famine au regard des prix affichés parfois délirant pour acquérir un vélo.
Le secteur pèse encore lourd — 3,2 milliards d’euros — et rêve pourtant d’un rebond porté par l’aménagement cyclable, cette respiration urbaine et rurale dont dépendent nos futurs trajets.
Alors oui, Il est temps de retendre la chaîne. Pas seulement pour relancer la machine économique, mais pour continuer à croire à ce que le vélo porte : la lenteur choisie, la liberté à chaque virage, la proximité retrouvée. Alors oui, le compteur affiche une baisse, mais la route est encore longue. Le cyclotourisme s’ancre dans les campagnes, irrigue les bourgs, fait vivre les cafés, les gîtes, les artisans. Ce n’est pas qu’un loisir : c’est une politique d’aménagement du territoire à hauteur d’homme.
Alors où est la volonté ? Où sont les moyens ? Sans une stratégie nationale ambitieuse, sans financements durables pour les infrastructures, le vélo restera malheureusement un totem sans moteur. Le tourisme à vélo ne peut pas reposer uniquement sur des passionnés et des collectivités isolées. Il faut une vraie politique d’ampleur, qui lie mobilité, écologie, industrie et culture locale.
Si le secteur pèse 3,2 milliards d’euros, il pourrait en valoir le double. À condition bien sûr d’arrêter de bricoler, et de commencer à pédaler vraiment. On ne le redira jamais assez : la France a tout pour repartir à condition que le politique ne reste pas dans le corps mou du peloton mais assume plutôt ses responsabilités. Alors oui, le vélo peut redevenir moteur. Non seulement d’une économie, mais aussi d’un art de vivre.