L'après-COVID avait créé un engouement sans précédent pour le vélo. Les pistes cyclables étaient désertées et les magasins de vélos pris d'assaut. Les analystes prédisaient alors un marché florissant et les investisseurs se bousculaient pour financer des startups du secteur. Oui mais voilà, cette frénésie du tout vélo a rapidement tourné court. Les stocks se sont accumulés, les prix ont flambé et les innovations se sont multipliées, parfois de manière artificielle. Lorsqu'un marché est un tant soi peu porteur, il y a ceux qui flairent le bon business. Sans auculter que les fournisseurs ont visé haut, très haut, annonçant ni plus ni moins des vélos à 5000 euros. Un prix exorbitant pour un usage utilitaire.
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Aujourd'hui, force est de constater que plusieurs facteurs freinent l'achat de vélos. A commencer par le sempiternel prix. Les vélos sont devenus vraiment trop chers pour de nombreux consommateurs, surtout pour un usage occasionnel. Un vélo reste un vélo et pour celles et ceux qui font du vélo au quotidien, "mettre une somme exorbitante dans une machine n'est pas d'actualité surtout en cette période de vache maigre". Ajoutez à cela la peur d'affronter la jungle urbaine et la cohabitation avec les voitures qui dissuadent de nombreux cyclistes potentiels à se lancer dans l'aventure.
"C'est toute la planète qui est overdosée de vélos"
Alors question : existe t-il des pistes pour relancer le marché ? C'est ce que nous avons demandé lors d'un micro-trottoir dans les rues de Nantes, ville où le vélo demeure encore en bonne place. Quatre principale réponses émergent, résumant parfaitement la situation. En premier lieu, proposer des vélos plus abordables. "Il faut développer des vélos utilitaires à des prix accessibles [...] Il y a une overdose de vélo hors de prix qui n'intérressent pas les utilisateurs du quotidien". Ensuite, pour bon nombre de cyclistes, il faut impérativement améliorer la sécurité. Pour eux, "il est urgent de créer des pistes cyclables sécurisées et de sensibiliser les automobilistes à la cohabitation avec les cyclistes".
En marge des 28e Rencontres Vélo et Territoires qui ont ouvert à Vannes, une quarantaine de collectivités se sont mobilisées pour dénoncer l'absurdité de l'abandon du Plan Vélo. "Ça va nous mettre un coup d'arrêt pour trois à quatre ans, le temps de relancer les projets après les élections municipales de 2026".
François Cuillerier pour l'Association des maires de France.
Soulignons, et c'est important à le rappeler, que les 304 millions d'euros alloués au "Fonds mobilités actives" ont été supprimés dans le projet de budget 2025 parmi les mesures prises pour limiter le déficit. Les projets d'aménagements comme des pistes cyclables, préparés et déposés par plus de 400 territoires, risquent de rester lettre morte, une situation dénoncée par les associations de collectivités. Autre réponse la lutte contre les vols : "il faut investir dans les infrastructures en développant les parkings à vélos et d'autres infrastructures dédiées. Il y a de nombreux vols ce qui à la longue nous décourage à continuer à rouler ou à investir dans un autre vélo. C'est essentiel pour encourager l'usage du vélo". Et quant on évoque l'hypothétique abandon du le plan vélo, tous s'accordent à dire que le gouvernement doit revoir sa décision et investir dans le développement des infrastructures cyclables. il faut selon eux "repenser ce plan vélo pour l'adapter à la conjoncture actuelle".
Bien évidemment, ce ne sont pas ces seules pistes qui vont faire repartir le marché. Les entreprises françaises doivent faire leur examen de conscience pour trouver non pas la recette miracle, mais des projets réalistes et viables répondant à la demande des consommateurs. Une réalité qui concerne non seulement la France, mais aussi les industries des autres pays européens. Et cette diminution des ventes touche non seulement les vélos musculaires mais également les vélos à assistance électriques. De nombreuses marques et fabricants ont été contraints de mettre la clé sous la porte cette année, suite à des déclarations de faillite judiciaire.