La nomination d'Emmanuel Barbe à ce poste crucial témoigne de la volonté du gouvernement de s'attaquer sérieusement aux violences routières. Reste à voir comment cette mission parviendra à concilier les intérêts de tous les usagers de la route dans un contexte de tensions croissantes.
Photo © Ministère de l'Intérieur / DICOM / D. Mendiboure
Emmanuel Barbe,
figure emblématique de la sécurité routière en France, vient d'être nommé à la tête de la
mission "Contre les violences, protéger tous les usagers de la route". Cette nomination, annoncée le 15 novembre dernier, marque un tournant important dans la lutte contre les
violences routières. Ancien délégué interministériel à la sécurité routière de 2015 à 2019, Emmanuel Barbe apporte une expérience considérable à ce nouveau poste. Son parcours impressionnant inclut également des fonctions de magistrat, préfet et inspecteur général de l'administration.
Une mission née d'un drame
La création de cette mission fait suite à un événement tragique : la
mort du cycliste Paul Varry occasionnée lors d'une altercation avec un automobiliste à Paris. Ce drame avait alors déclenché une vague de manisfestations a travers toute la France et une
prise de conscience nationale sur la nécessité de mieux protéger tous les usagers de la route. Suite à ce drame, une rencontre a eu lieu le 21 octobre 2024 entre le ministre des Transports, la Déléguée interministérielle à la sécurité routière et les principales associations de cyclistes
La mission d'Emmanuel Barbe sera double. Tout d'abord de
proposer des mesures concrètes pour réduire les conflits d'usage sur la voie publique, que se soit en milieu urbain comme en dehors des agglomérations. Ensuite
lutter contre les comportements belliqueux liés au partage de l'espace routier. Et Dieu sait, si ils sont nombreux ! Avec la
diversification des modes de mobilité, les tensions agressives entre automobilistes, cyclistes, piétons et autres usagers se sont largement accrues.
"Il faut collaborer avec les collectivités locales, gestionnaires de voiries et associations d'usagers pour recueillir leurs expertises et opinions sur les meilleures pratiques à adopter"
Si le ministre des Transports François Durovray salue la nomination d'un "
homme d'expérience et d'engagement", certains observateurs rappellent le rôle d'Emmanuel Barbe dans des
mesures controversées, comme l'abaissement de la vitesse à 80 km/h sur le réseau routier national. Cette nomination a également suscité des réactions mitigées parmi les
associations de cyclistes en se basant sur le passé d'Emmanuel Barbe.
Des réserves mais des espoirs
Son rôle dans l'instauration du
port du casque obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans à vélo en 2017 avait été largement critiqué lors du congrès de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB). Son intervention avait été perçue comme étant plus favorable aux motards qu'aux cyclistes, provoquant un
certain malaise parmi les participants.
Malgré ces réserves, les associations espèrent qu'Emmanuel Barbe saura apporter son
expertise et ses capacités de dialogue pour faire avancer cette mission cruciale, tout comme à veiller à ce que la sécurité de tous les usagers de la route, en particulier les plus vulnérables, soit garantie. La mission d'Emmanuel Barbe, qui se déroulera sur une
période de quatre mois, devra engager une démarche collaborative avec les collectivités locales et les associations d'usagers de la route, notamment les
cyclistes et les piétons. Cette approche pourrait offrir aux associations l'opportunité de faire entendre leurs préoccupations et leurs propositions.
Henry Salamone FRANCE SECRÈTE À VÉLO