La filière du vélo à assistance électrique (VAE) traverse une période charnière. Après des années d’euphorie marquées par une croissance fulgurante, le secteur connaît aujourd’hui un brutal retour à la réalité. De grands noms, autrefois symboles de réussite et d’innovation, se retrouvent à déposer le bilan. Dernière en date : La start-up allemande Sushi Mobility GmbH, réputée pour ses vélos électriques à prix accessibles, a été placée sous administration provisoire après avoir accusé plus de 2,7 millions d’euros de pertes sur le dernier exercice.

La marque a suspendu ses ventes le temps d’examiner différentes options de restructuration afin de tenter de garantir la pérennité de ses activités.Cette vague de défaillances fragilise l’ensemble de la filière, révélant les tensions d’un marché arrivé à maturité plus vite que prévu.

Sushi Mobility GmbH s'ajoute à plusieurs marques et acteurs importants du marché du vélo à assistance électrique qui ont connu des difficultés ces derniers mois, certaines allant jusqu’à cesser leur production ou déposer le bilan. Voici quelques exemples récents et significatifs dont les informations que nous avons pu obtenir sont basées sur les données disponibles jusqu’en 2025:

1. Moustache Bikes (en difficulté mais pas arrêt complet)

• Situation : L’entreprise vosgienne, symbole du VAE “made in France”, a connu une forte baisse de commandes en 2024, entraînant un ralentissement de la production et des licenciements.
• Statut : Toujours en activité, mais sous forte pression financière.

2. VanMoof (Pays-Bas)

• Arrêt : Juillet 2023
• Raison : Dépôt de bilan après des années de croissance rapide et de problèmes de service après-vente.
• Conséquence : La marque a été partiellement reprise par Lavoie (groupe McLaren Applied), mais la production initiale a été stoppée.

3. Cowboy (Belgique)

• Situation : En 2024, la marque a réduit drastiquement sa production et restructuré ses activités pour éviter la faillite.
• Statut : Toujours active, mais en redéfinition de son modèle économique.

4. Nakamura (Intersport)

• Situation : Pas d’arrêt complet, mais réduction de la gamme et recentrage sur les modèles les plus rentables depuis 2024.

5. O2Feel (France)

• Situation : En 2024, la marque a connu des difficultés de trésorerie importantes, entraînant un plan de redressement.
• Statut : Maintien de la production, mais sous surveillance.

6. Ultime arrêt notable : VanMoof (2023)
C’est à ce jour le cas le plus emblématique d’un acteur majeur ayant réellement cessé la production avant d’être repris partiellement.

Pour rappel, l’explosion de la demande post-pandémie avait fait naître des espoirs démesurés. Peut-être trop. Les fabricants, distributeurs et assembleurs ont investi massivement, misant sur une croissance durable. Mais la conjoncture économique, les prix qui s'envolent, la baisse du pouvoir d’achat et la saturation du marché ont depuis inversé la tendance. Les stocks s’accumulent, les marges s’effritent, et les acteurs les plus fragiles ne résistent pas à la pression. Ce ralentissement brutal agit comme un révélateur : la filière du VAE doit désormais se réinventer pour survivre.
 

Le vélo à assistance électrique devient une industrie

Dans ce contexte, un nouveau segment émerge avec force, celui du VAE reconditionné. Longtemps perçu comme une niche, il devient aujourd’hui une véritable industrie, structurée, innovante et porteuse d’avenir. La France, et c'est à souligner,  s’y impose comme un leader incontesté, grâce à un écosystème dynamique mêlant start-ups, ateliers de reconditionnement et acteurs de l’économie circulaire.

Ce modèle, plus durable et plus accessible, répond aux attentes d’un public soucieux de concilier mobilité douce et responsabilité environnementale. Le reconditionné n’est donc plus une alternative, mais une réponse stratégique aux défis du secteur. Il prolonge la durée de vie des produits, réduit la dépendance aux importations et valorise surtout le savoir-faire local. 

En s’appuyant sur cette dynamique, la filière française du VAE peut non seulement surmonter la crise actuelle, mais aussi redéfinir les contours d’une industrie plus résiliente et plus vertueuse.

Pour les observateurs, l’heure est venue de repenser la chaîne de valeur, d’investir dans la réparation, la formation et la circularité. Car si certains acteurs tombent aujourd’hui, c’est peut-être pour laisser place à une nouvelle génération d’entreprises plus agiles, plus responsables et mieux adaptées aux réalités du marché.

Il est indéniable que le VAE, symbole de la mobilité de demain, mérite une filière à la hauteur de ses promesses. Histoire de ne pas décevoir les consommateurs.